Le premier roman dans l’histoire de l’humanité
Les tables de Babylone, l’écriture hiéroglyphe ou les dessins incrustés sur les roches du Tassili N’ajjer, témoignent que l’humanité depuis l’aube de son existence, entretenait un intérêt majeur à la production culturelle et la volonté de conserver les connaissances pour les générations suivantes. Mais donc, qui a eu la première intuition d’écrire une connaissance pas comme les autres, un livre qui contiendrait une histoire fictive, de l’imagination avec des traits philosophiques… un roman !!
L’âne d’or
Connu également sous le nom de Métamorphoses, l’âne d’or est une œuvre écrite par Apulée (en latin Lucius Apuleius, en Tamazight Afulay ), né vers 125 à Madaure, actuelle M’daourouch, wilaya de Souk Ahras au nord-est de l’Algérie et mort probablement après 170, est un écrivain, orateur et philosophe médio-platonicien. L’interprétation du roman présente de nombreux problèmes en raison de sa multitude de strates. Il constitue un exercice difficile de la philologie classique. La technique du récit, et le masquage des intentions de l’auteur a conduit dans la recherche à une multitude d’hypothèses concurrentes sur sa signification. Le récit d’Amour et Psyché introduit dans le roman fascine les lecteurs depuis la Renaissance. Sa matière mythologique, la relation d’amour entre le dieu Éros (Cupidon) et la princesse Psyché, fournit des thèmes à de nombreux poètes, écrivains, peintres, sculpteurs, compositeurs et chorégraphes. Outre les spécialistes du Moyen Âge, et les théoriciens de la littérature, des psychanalystes ont participé à l’étude et à l’analyse du récit.
Apulée est né à Madaure, aux confins de la Gétulie et de la Numidie, non loin de Cirta, splendidissima colonia. Cirta c’est l’actuelle Constantine. En d’autres termes, Apulée serait aujourd’hui Algérien. Fils d’une famille qui appartenait à la bourgeoisie cossue des cités provinciales, Apulée fit ce que font encore aujourd’hui les fils de famille : des études dites supérieures. Carthage rayonnait alors, sur l’Afrique du Nord, de tout son éclat universitaire. Le jeune Apulée alla vite se réchauffer à cet intense foyer de culture latine.
Après avoir séjourné à Rome, il se rendit à Athènes où il goûta aux conférences des philosophes tout en se faisant initier aux Mystères. De ce séjour athénien, il retira une connaissance incomparable de la langue grecque. De retour à Carthage, il mena une vie publique de rhéteur et de conférencier et fut choisi comme prêtre du culte impérial.
Apulée a aussi écrit des poèmes, et a publié des discussions sur divers thèmes, en particulier philosophiques, ainsi que des discours. Une grande partie de ses œuvres a été perdue.
Le satyricon
L’histoire d’Apulée, écrite dans le début du II ième siècle, fait croire qu’il est sans doute, l’auteur du premier roman dans l’histoire mais, l’italien Pétrone avait écrit, juste avant Apulée, à la fin du premier siècle le Satyricon, un roman considéré comme l’un des premiers de la littérature mondiale, mêle vers et prose, latin classique et vulgaire. Le récit conte les aventures, dans une Rome décadente (très certainement avant la fin du Ier siècle) de deux jeunes gens, Encolpe et Ascylte, ainsi que du jeune amant du premier, l’adolescent Giton.
L’intrigue est essentiellement fondée sur la fuite et l’errance des personnages.
Ces derniers, et en particulier le trio des protagonistes, sont dépeints comme des jeunes marginaux, objets de la violence de la société et des femmes. Roman de l’homosexualité également, les détails que fournit Pétrone ont permis de mieux comprendre les mœurs romaines.
Le Satyricon est pensé comme un message à la civilisation : par la description de la décadence et de la vie en marge, son auteur témoigne de la déshérence de la jeunesse romaine, en proie à la violence et à la duplicité. Considéré également comme le roman des affranchis, l’observation satirique se double d’une parodie constante faite aux grands textes classiques gréco-romains, et notamment à l’Odyssée.
Pétrone décrit le monde, les comportements et la vie quotidienne romaine à la manière d’un naturaliste. Ses personnages surtout, dans leurs psychologies et leurs relations interpersonnelles, atteignent une dimension moderne.
Plusieurs traductions existent, et, parmi elles, celle, classique, de Louis de Langle ou celle, plus triviale, de Laurent Tailhade font autorité.
Le Satyricon a profondément influencé la littérature mondiale, et a été adapté au cinéma, notamment par le réalisateur italien Federico Fellini en 1969, en bande dessinée et à l’opéra.
Sources: