Mais vers où serpente le lent ondoiement des réminiscences ? Au sein de quelles strates suintantes, fécondées par les débris du temps au rythme des conquêtes, des extensions, des déflagrations, se lovent-elles ? De quel crissement perpétuel font-elles résonner, ces ressouvenances, ces revenantes, le mur de nos silences ?
Qu’exigent-elles de nous ?
Creuser.
Creuser, certes, mais il ne suffit pas de prospecter à la recherche d’un gisement d’or pour sonder les sols de nos mémoires abolies, pour soulever la poussière des paroles pétrifiées au fond de nos gorges enfumées. La sédimentation ne se superpose pas fatalement à la verticale, à l’image des cités enfouies. Ce dépôt flotte dans nos terres fertiles, il prend son envol, réveillé par le charme d’un chant dont nous avons, sans prêter attention, épelé le refrain. Libéré de la pesanteur de nos effrois, le précieux limon se déploie, porté par l’espoir et l’amour ; il épouse les vents qui soufflent un air nouveau et prend mille et une formes que nous n’attendions pas.
La mémoire n’est pas morte et nous ne nous lançons pas à l’assaut d’une archéologie mortifère. Elle se métamorphose et notre présent l’informe au gré de nos créations. Nous ne la recueillons pas : nous l’ensemençons.
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