Israël, prélude à un déclin autoprogrammé – Mohamed Taleb
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Après l’excellent ouvrage « Palestine, le plus grand hold-up du XXe siècle » (2019) qui a relaté le processus d’occupation de la Palestine depuis la chute de l’empire Ottoman à l’écrasante défaite des pays arabes à l’issue de la Guerre des Six jours de 1967, le présent essai est le deuxième volet de cette « enquête », aussi documentée que pertinente, qui expose les développements des évènements qui s’ensuivirent. De la guerre d’usure, entre 1967 et 1970, à la guerre du Ramadan de 1973 qui a vu la première défaite de l’entité sioniste, aux épisodes tragiques des massacres de Palestiniens de septembre 1970 (Septembre noir) et de Sabra et Chatila (Liban, 1982), pendant que l’Égypte est éjectée du camp résistant après les accords séparés de Camp David de 1978, à l’Intifada de 1987, un soulèvement de la population palestinienne contre le régime d’occupation coloniale qui a donné un nouveau souffle à la résistance des Palestiniens contre les sionistes. Devant la flambée des violences contre une population qui se défendait avec des jets de pierres face à des chars sionistes, un processus de paix, en dehors des instances internationales, se met en marche et aboutit à la signature des Accords d’Oslo en 1993 entre Palestiniens et Israéliens. Une autorité palestinienne (AP) nait officiellement, mais finit par faire figure d’organe sous-traitant pour la sécurité des « territoires israéliens ». Un État palestinien (solution des deux États) devait naître conformément aux résolutions de l’ONU dans un délai de cinq années. Les entraves des dirigeants sionistes successifs, gauche et droite confondues, Netanyahou, Barak, Sharon ou Olmert, mettent fin à un processus de paix illusoire, au mépris du droit international. Entre temps, et pendant que s’érige un mur de séparation entre la Cisjordanie et les territoires occupés par Israël, déploiement de colonies illégales en Cisjordanie connaît une ascension spectaculaire, ponctuée par un blocus de la Bande de Gaza depuis 2007 et par des agressions multiples, 2009 et 2014. L’État palestinien ne voit pas le jour, et les conditions de sa mise en application n’existent pratiquement plus. Le cours de normalisation des relations entre Israël et certains États arabes prend le dessus sur le processus de paix, tombé en désuétude. Le tout est aggravé par l’instauration d’un régime d’apartheid, avec le consentement du monde occidental, à leur tête les Etats-Unis d’Amérique, annihilant de manière définitive la création d’un État palestinien.
Il est question aujourd’hui, plus d’un État unique avec les mêmes droits pour tous ses citoyens, au-delà des ethnies et des croyances religieuses, un État qui mettra fin au sionisme.
Résumé :
Après l’excellent ouvrage « Palestine, le plus grand hold-up du XXe siècle » (2019) qui a relaté le processus d’occupation de la Palestine depuis la chute de l’empire Ottoman à l’écrasante défaite des pays arabes à l’issue de la Guerre des Six jours de 1967, le présent essai est le deuxième volet de cette « enquête », aussi documentée que pertinente, qui expose les développements des évènements qui s’ensuivirent. De la guerre d’usure, entre 1967 et 1970, à la guerre du Ramadan de 1973 qui a vu la première défaite de l’entité sioniste, aux épisodes tragiques des massacres de Palestiniens de septembre 1970 (Septembre noir) et de Sabra et Chatila (Liban, 1982), pendant que l’Égypte est éjectée du camp résistant après les accords séparés de Camp David de 1978, à l’Intifada de 1987, un soulèvement de la population palestinienne contre le régime d’occupation coloniale qui a donné un nouveau souffle à la résistance des Palestiniens contre les sionistes. Devant la flambée des violences contre une population qui se défendait avec des jets de pierres face à des chars sionistes, un processus de paix, en dehors des instances internationales, se met en marche et aboutit à la signature des Accords d’Oslo en 1993 entre Palestiniens et Israéliens. Une autorité palestinienne (AP) nait officiellement, mais finit par faire figure d’organe sous-traitant pour la sécurité des « territoires israéliens ». Un État palestinien (solution des deux États) devait naître conformément aux résolutions de l’ONU dans un délai de cinq années. Les entraves des dirigeants sionistes successifs, gauche et droite confondues, Netanyahou, Barak, Sharon ou Olmert, mettent fin à un processus de paix illusoire, au mépris du droit international. Entre temps, et pendant que s’érige un mur de séparation entre la Cisjordanie et les territoires occupés par Israël, déploiement de colonies illégales en Cisjordanie connaît une ascension spectaculaire, ponctuée par un blocus de la Bande de Gaza depuis 2007 et par des agressions multiples, 2009 et 2014. L’État palestinien ne voit pas le jour, et les conditions de sa mise en application n’existent pratiquement plus. Le cours de normalisation des relations entre Israël et certains États arabes prend le dessus sur le processus de paix, tombé en désuétude. Le tout est aggravé par l’instauration d’un régime d’apartheid, avec le consentement du monde occidental, à leur tête les Etats-Unis d’Amérique, annihilant de manière définitive la création d’un État palestinien.
Il est question aujourd’hui, plus d’un État unique avec les mêmes droits pour tous ses citoyens, au-delà des ethnies et des croyances religieuses, un État qui mettra fin au sionisme.
Bio-express :
Architecte diplômé de l’Université de Rome, avec une longue expérience professionnelle à Rome et en Allemagne où il exerce son métier d’architecte, Mohamed Taleb, auteur d’un premier livre « Palestine, le plus grand hold-up du XXe siècle » sur l’histoire de la Palestine, poursuit, dans ce nouvel ouvrage, son travail de recherche sur le phénomène de colonisation de peuplement sioniste en Palestine et les événements d’après 1967.
Extrait :
Introduction
Le monde multipolaire
La fin de ce premier quart du XXIème siècle connait, à l’échelle mondiale, un tournant historique sans précédent. Un paradigme nouveau s’installe : la déconstruction du monde unipolaire, déjà en marche depuis l’institution des BRICS (une association d’États créée en 2009, regroupant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud tout en transcendant leurs différences), subit une accélération au début de l’année 2022, avec le déclenchement de l’Opération spéciale de la Russie en Ukraine. Un monde multipolaire et une nouvelle configuration géopolitique mondiale prennent forme sous nos yeux.
La « Fin de l’histoire », tant prophétisée par le politicien américain Francis Fukuyama en 1992 après l’effondrement du bloc socialiste en 1989 et caractérisée par la prépondérance de l’idéal de démocratie libérale et du néolibéralisme, n’a pas eu lieu. Le piédestal planétaire sur lequel s’est érigé le pouvoir des États-Unis présente ici et là des craquelures toujours plus apparentes et menaçantes pour la perpétuation de leur domination. D’anciens pays « alliés » échappent peu à peu au diktat américain. Bien plus, la confrontation, entre de nouveaux pôles émergents et le monde occidental sous la coupe des États-Unis, se fait plus âpre et plus aigüe à même de provoquer un conflit armé, par pays interposé (l’Ukraine), entre les États-Unis et la Russie. Avant ce conflit, la montée fulgurante de l’économie chinoise, initialement un souci pour la suprématie US, est devenue une crainte majeure avant de signifier une perte de la mainmise du dollar sur l’économie mondiale.
L’Opération spéciale russe, lancée en Ukraine le 24 février 2022, a été la courroie de transmission de ce nouveau paradigme.
Les origines de ce conflit remontent à la période de la chute du Mur de Berlin en 1989. Les anciens présidents soviétique et américain, Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan avaient, soi-disant, délimité les contours d’une nouvelle ère de paix et de collaboration entre les grandes puissances, mettant ainsi fin à la Guerre froide.
Le Traité 2+4 (RFA, RDA + Russie, USA, France et Grande-Bretagne) du 12 septembre 1990 scellait la réunification des deux Allemagnes, l’intégration de la nouvelle Allemagne au sein de l’OTAN et, pour ne pas effrayer les voisins européens, assurait la réduction de son potentiel militaire (porté à 370.000 soldats) ; il lui imposait également le renoncement aux armes nucléaires, biologiques et chimiques. Dans les faits, une limitation de sa souveraineté. Le préalable (exprimé de manière informelle) à l’acceptation de ce Traité par les parties allemandes (représentées par le Chancelier Helmut Kohl et son Ministre des Affaires étrangères Friedrich Genscher) et russes (le président Mikhaïl Gorbatchev) était la non-extension de l’OTAN à l’Europe centrale et l’Europe de l’Est.
L’OTAN ne s’est cependant pas tenue à ces accords avec la Russie et s’est bel et bien déployée vers l’Est. Peu avant la démission du chancelant président russe Boris Eltsine et la venue de Vladimir Poutine (nommé président du gouvernement par Eltsine en août 1999, auparavant occupant des fonctions importantes au sein de l’État), l’OTAN commence son élargissement (décidé au Sommet de l’OTAN de Washington en avril 1999) qui s’est opéré en plusieurs étapes, englobant d’anciens pays de l’ex. Bloc soviétique : en mars 1999 la Tchéquie, la Hongrie et la Pologne, en mars 2004 la Roumanie, la Slovénie, la Slovaquie, la Bulgarie et les États baltes, en avril 2009 l’Albanie et la Croatie, en juin 2017 le Monténégro et en mars 2020 la Macédoine du Nord.
Cette fulgurante avancée de l’OTAN vers l’Est est interprétée par la Russie comme une trahison par les Occidentaux de leur engagement.
Mary Elise Sarotte 2, historienne américaine, soutient dans son ouvrage : Not One Inch: America, Russia, and the Making of Post-Cold War Stalemate (« Pas un pouce : l’Amérique, la Russie et la fabrication de l’impasse de l’après-guerre froide ») paru en 2021, que de nombreux dirigeants occidentaux ont donné des assurances informelles que l’OTAN ne s’étendrait pas – non seulement au territoire de l’ancienne Allemagne de l’Est, mais aussi à l’Europe centrale et orientale.
La revue allemande Der Spiegel a publié le 18 février 2022 (le 24 février 2022 a été déclenchée l’Opération spéciale russe en Ukraine) un article qui soulignait le fondement des assertions russes selon lesquelles l’élargissement de l’OTAN vers l’Est viole les engagements de l’Occident pris après la chute du Mur de Berlin. Un document exceptionnel dont un extrait est imprimé dans l’article, est sans équivoque sur la trahison et l’hypocrisie occidentales.
Le document 4 (dont un extrait ci-dessous et traduction) qui a été trouvé, selon la revue Der Spiegel, dans les Archives Nationales Britanniques (British National Archives) par le politologue et professeur à l’université de Boston, Joshua Shifrinso, expose des détails sur la rencontre entre les hauts responsables des Ministères des Affaires étrangères des États-Unis, de la Grande Bretagne, de la France et de l’Allemagne qui s’est tenue à Bonn le 6 mars 1991et durant laquelle il a été convenu que « l’adhésion à l’OTAN de candidats d’Europe de l’Est est inacceptable ».
Bonn, le 6 mars 1991 : Réunion quadripartite des directeurs politiques sur la sécurité de l’Europe centrale et orientale. Traduction :
1- Le Royaume-Uni distribue le document promis sur la sécurité de l’Europe centrale et orientale. Un accord général que l’adhésion à l’OTAN et la sécurité garantissent inacceptable. Accord sur l’examen d’une déclaration du printemps indiquant l’intérêt de l’OTAN pour la sécurité et la stabilité en Europe de l’Est. Renforcement des relations bilatérales et des contacts OTAN/Europe de l’Est.
2- « Nous avons clairement indiqué lors des pourparlers 2+4 (sur l’unification allemande, avec la participation de la RFA et de la RDA, ainsi que des États-Unis, de l’URSS, du Royaume-Uni et de la France – note VZGLYAD) que nous n’étendons pas l’OTAN au-delà de l’Elbe. Par conséquent, nous ne pouvons pas proposer à la Pologne et aux autres pays d’adhérer à l’OTAN », argumente Jürgen Chrobog, directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères, cité dans le document.
Le président russe, Vladimir Poutine, avait sollicité l’occident, en l’occurrence les États-Unis et l’OTAN, une déclaration par écrit portant sur l’arrêt du projet d’extension de l’OTAN à l’Ukraine et à l’Est en général. Cet appel est resté lettre morte. Vladimir Poutine 5, maitrisant parfaitement l’allemand, avait déjà, dans un discours tenu au Bundestag (parlement allemand) le 25 septembre 2001, tendu la main à l’Occident pour entamer une phase nouvelle de travail et de coopération basée sur le respect réciproque. Il déclarait entre autres : « … Personne ne doute de la grande valeur des relations de l’Europe avec les États-Unis. Mais je crois qu’à long terme, l’Europe ne consolidera sa réputation de centre puissant et indépendant de la politique mondiale que si elle combine ses propres capacités avec les ressources humaines, territoriales et naturelles de la Russie, ainsi qu’avec les potentiels économiques, culturels et de défense de la Russie… Le monde est à une nouvelle étape de son développement. Nous comprenons que sans une architecture de sécurité internationale moderne, durable et stable, nous ne créerons jamais un climat de confiance sur ce continent, et sans ce climat de confiance, une Grande Europe unifiée n’est pas possible. Aujourd’hui, nous sommes obligés de dire que nous devons nous séparer de nos stéréotypes et de nos ambitions afin d’assurer ensemble la sécurité des citoyens européens et celle du monde entier… ».
Une ligne rouge est franchie de nouveau en mars 2004, de par l’intégration au sein de l’OTAN de la Roumanie, de la Slovénie, de la Slovaquie, de la Bulgarie et des États baltes.
Avec le concours financier de German Marshall Foundation (USA), Freedom House (USA), International Developpement Agency (Canada) et USAID (USA) la Révolution orange débutera en fin d’année 2004, annonçant un énorme bouleversement dans les équilibres internes de l’Ukraine et de ses retombées au plan international.
Le 10 février 2007 à l’occasion de la Conférence sur la sécurité à Munich, Vladimir Poutine renouvelle l’appel fait en 2001 devant le Bundestag allemand. L’accent adopté dans son discours est sévère et implacable, signifiant sa mise à l’index de la dérive occidentale, de sa gestion unilatérale 7 des affaires du monde et de son avancée menaçante vers l’Est et la Russie. S’exprimant en ces termes : « Il me semble évident que l’élargissement de l’Otan n’a rien à voir avec la modernisation de l’alliance ni avec la sécurité en Europe. Au contraire, c’est une provocation qui sape la confiance mutuelle et nous pouvons légitimement nous demander contre qui cet élargissement est dirigé… » ou encore : « … J’estime que dans le monde contemporain, le modèle unipolaire est non seulement inadmissible mais également impossible… ». Le président Poutine, hissant en quelque sorte l’esprit et le modèle westphaliens à norme universelle, met en avant sa vision d’un monde multipolaire en marche, caractérisé par des principes d’égalité et de collaboration entre les États et de leur souveraineté.
L’OTAN récidive en 2009 avec l’intégration en son sein de la Croatie et de l’Albanie. C’est un encerclement pur et simple de la Russie.
La question primordiale à l’origine d’une grande inquiétude pour l’impérialisme américain est le rapprochement de la Russie à l’Europe et en particulier à l’Allemagne. Un rapprochement voulu par Vladimir Poutine depuis son discours au Parlement allemand en 2001 et réitéré en 2007 à Munich, lors de la Conférence sur la sécurité. Le couple Russie-Allemagne représente pour la suprématie américaine une menace existentielle : la combinaison des richesses naturelles de la Russie avec le capital et la technologie allemandes sont un grand danger pour la puissance économique américaine et spécialement pour la suprématie du dollar. Les transactions en Euro et éventuellement en Rouble porteraient un sérieux coup au dollar.
Lors d’une conférence en 2015, George Friedman, juif américain d’origine hongroise, fondateur de Geopolitical Futures et auparavant président de Stratfor, une société américaine d’éditions et de renseignements stratégiques, a fait une description détaillée des questions vitales pour les États-Unis et qu’en pratique, l’élargissement de l’OTAN à l’Est, au-delà des problèmes de sécurité pour la Russie, constitue une barrière (voir ci-dessous capture d’écran) entre la Russie et l’Allemagne. L’inclusion de l’Ukraine au sein de cette barrière aurait accentué et confirmé la menace de l’OTAN.
Mike Withney, conforte dans un article du 15 février 2022, dans le site du Ron Paul Institut (Fondation du Dr Paul pour l’économie rationnelle et l’éducation (F.R.E.E.), fondée dans les années 1970), les propos de George Friedman : « … La crise ukrainienne n’a rien à voir avec l’Ukraine. Il s’agit de l’Allemagne et, en particulier, d’un gazoduc qui relie l’Allemagne à la Russie appelé Nord Stream 2. Washington considère le pipeline comme une menace pour sa primauté en Europe et a tenté de saboter le projet à chaque tournant… L’establishment de la politique étrangère américaine n’est pas satisfait de ces développements. Ils ne veulent pas que l’Allemagne devienne plus dépendante du gaz russe parce que le commerce renforce la confiance et la confiance conduit à l’expansion du commerce. À mesure que les relations se réchauffent, davantage d’obstacles au commerce sont levés, les réglementations sont assouplies, les voyages et le tourisme augmentent et une nouvelle architecture de sécurité évolue. Dans un monde où l’Allemagne et la Russie sont des amis et des partenaires commerciaux, il n’y a pas besoin de bases militaires américaines, pas besoin d’armes et de systèmes de missiles coûteux fabriqués aux États-Unis, et pas besoin de l’OTAN. Il n’est pas non plus nécessaire de conclure des transactions énergétiques en dollars américains… »
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