Cœur en fragments, suivi de Histoires du vécu – Yassine Foudala
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Il savait le combat à mort
Que le peuple élabore. (Y. F)
« La terre et ses échos ne sont jamais loin dans les poèmes de Yassine.
Au fil des mots, sur la lice, transparaît l’idée du sacré. La terre, la mémoire, le legs, sont des choses sacrées. Les mots aussi. Le sacré n’atteint le divin que lorsqu’il a atteint l’homme dans son enfance, dans son premier lait (…)
Le poète peut dire qu’il est « l’homme patrie » né à son humanité par sa patrie à travers laquelle le sang et le chant ont tissé une âme… C’est cette humanité-là que recherche Yassine, une âme des mémoires multiples héritées, une âme qui refuse l’oubli et l’ingratitude. Il n’est homme qu’à la condition de retrouver et transfigurer ses racines d’homme (…)
Humain jusqu’au bout de ses forces, jusqu’au bout de ses faiblesses, de ses colères et de ses besoins de tendresse, Yassine nous réconcilie avec l’idée de l’humaine destinée de chaque homme engagé dans le destin des autres hommes (…)
Se lever comme poète et dire ses liens avec son peuple, la revendication de ses combats pour la libération trouve son accomplissement dans la revendication du combat des autres peuples (…)
Est-ce que j’ai tort de me souvenir d’un autre poète qui a parlé de marcher en portant son cercueil sur son épaule ? Marcher. »
(M. Bouhamidi).
Résumé :
Il savait le combat à mort
Que le peuple élabore. (Y. F)
« La terre et ses échos ne sont jamais loin dans les poèmes de Yassine.
Au fil des mots, sur la lice, transparaît l’idée du sacré. La terre, la mémoire, le legs, sont des choses sacrées. Les mots aussi. Le sacré n’atteint le divin que lorsqu’il a atteint l’homme dans son enfance, dans son premier lait (…)
Le poète peut dire qu’il est « l’homme patrie » né à son humanité par sa patrie à travers laquelle le sang et le chant ont tissé une âme… C’est cette humanité-là que recherche Yassine, une âme des mémoires multiples héritées, une âme qui refuse l’oubli et l’ingratitude. Il n’est homme qu’à la condition de retrouver et transfigurer ses racines d’homme (…)
Humain jusqu’au bout de ses forces, jusqu’au bout de ses faiblesses, de ses colères et de ses besoins de tendresse, Yassine nous réconcilie avec l’idée de l’humaine destinée de chaque homme engagé dans le destin des autres hommes (…)
Se lever comme poète et dire ses liens avec son peuple, la revendication de ses combats pour la libération trouve son accomplissement dans la revendication du combat des autres peuples (…)
Est-ce que j’ai tort de me souvenir d’un autre poète qui a parlé de marcher en portant son cercueil sur son épaule ? Marcher. »
(M. Bouhamidi).
Bio-express :
Né à Alger en 1984, Foudala Yassine Abdelmalik est diplômé en commerce international et travaille dans le recrutement. Sensible à la poésie et à la littérature, Cœur en fragments suivi de Histoires du vécu est son premier recueil de poésie publié.
Extrait :
Préface : une poésie du legs, par Mohamed Bouhamidi
Un poème dédicace, à celle qui marchait sur le sable, à celle dont les mots disent qu’elle cherchait un visage et n’a trouvé qu’une mémoire, ouvre la voie aux mots de ce recueil.
Ne saurons-nous jamais qui est cette silhouette aux confins des immensités que sont les frères séparés, la mer et le ciel, qui engendrèrent le monde et nos rêves ? Et déjà ce poème inaugural, nous alerte que le cœur, même quand il n’y est plus, est plus nécessaire que jamais, qu’il batte plus vite ou se fasse discret.
Par le cœur, cette femme silhouette, revenue frustrée du visage désiré, portait une mémoire du disparu et cultivait déjà une fidélité.
Elle mutera dans l’image de ses fers et le magnétisme de ses élans impulsifs, et l’oreille de tous les poèmes écrits pour elle. Mais nous percevons que tout de lui, lui appartient, et pour cette raison appartient déjà et aussi à d’autres fidélités que la sienne, l’aimée, le père, le fils, ces frères de/et/dans son humanité palpitante sous les oppressions.
La terre et ses échos ne sont jamais loin dans les poèmes de Yacine.
L’épaule offerte aux tendresses, les mots d’amour, l’attention aux pauses nécessaires de la tristesse, se dédoublent très vite en cris d’une inspiration tellurique. Les invitations à cueillir les fleurs et jasmins se déchirent de cris venus d’ailleurs, venus d’avant.
Toi, le hideux bourreau
L’abject usurpateur,
Voleur de terres
Et briseur d’idéaux
Ecoute ma voix
Celle des sans voix,
Qui se lèvent à l’aube.
Le poète parlait-il d’un lieu, déjà tourmenté, à l’image du miroir brisé ? Aimer n’est qu’une halte dans l’inquiétude qui l’habite du monde, et qui dans le texte devient jumelle de la fidélité ?
Fidélité promise à celle qui marche sur les sentiers et qui est double d‘une autre, l’éthique d’une mémoire d’homme inscrite dans la mémoire de l’Homme ?
Nous te survivrons,
Car tu ne peux étouffer
Le feu ardent
Qui brûle en nous,
Il restera
Il perdurera
Et arrivera
A te mettre à mort
Toi la Bête immonde,
Qui tyrannise le monde.
Cette marche se déclinera au singulier
Sois digne,
Aie confiance
Tête haute,
Marche
Avance,
Pas après pas,
Chute après chute,
Est-ce que j’ai tort de me souvenir d’un autre poète qui a parlé de marcher en portant son cercueil sur son épaule ? Marcher.
Et le poète s’ouvre à d’autres horizons, non pas lointains, mais des horizons-racines, des perspectives dégagées devant le regard. Horizons-racines qui deviennent les forces qui le poussent. Paradoxe apparent des synthèses, qu’aucun horizon n’existe sans la longue culture du regard léguée par les absents.
Il savait le combat à mort
Que le peuple élabore.
Cette fidélité au passé le pousse à l’exprimer par anticipation, fidélité à ce qui naît, à ce qui vient. Fidélité à son père qu’il décrit dans leurs rapports spontanés comme dans les moments de la leçon de morale, sous le faux masque de la sévérité. Mais fidélité déjà présente à cette personne qu’il ne nomme pas, fidélité au-delà de la mort de rester présent pour elle. Fidélité déjà à son fils.
Fidélité à quoi ? Fidélité à une promesse reçue, promesse déçue, promesse trompée plus que trompeuse. Yacine tient la promesse pour vraie et l’ordre du monde comme faux. Changer le monde pour garder les promesses, les rendre à leur vérité de tendresse. Les deux univers se rencontrent, se croisent, s’enfantent l’un l’autre, celui des êtres proches et l’écho des multitudes parvenu de partout.
Et m’écouteras chanter,
Le bonheur de t’avoir eue près de moi,
Quand je ne serai plus,
Où que tu sois,
Tu me sentiras à tes côtés,
Et j’y serai
Pour veiller sur toi.
De l’une à l’autre des tendresses le poète passe par les colères héritées.
Je n’ai pas oublié,
Le sacrifice de mes aînés,
Magnanimité,
Courage,
Comment oserais-je leur faire outrage ?
Ils avaient déjà choisi,
De périr pour la patrie,
Ils sont partis pour que je reste
Pour que je sois, pour que j’existe.
Yacine est donc le compagnon tendre, le camarade qui marche sur les sentiers, présent au-delà de la mort près de la personne aimée, mais c’est aussi l’homme gratitude, le poète reconnaissant.
Tout hante Yacine, ce qu’il doit à son père, à son fils, à son aimée et tout ce qu’il doit à la vie. Mais la gratitude et la fidélité sont source de colère. Nulle trahison n’est admise.
Asservir la race humaine
Quel ignoble dessein !!
Vous oubliez les chartes
Écrites de vos mains.
Vous subvertissez les états
D’ingérence et lâcheté
Et sacrifiez les peuples
Au nom de la liberté !
Dans ce recueil la « Lettre à son père » culmine comme moment fort, authentique comme des racines d’olivier. Récit autant que poème par lequel Yacine se rattache à la terre ancestrale, au combat de son grand-père. Ici, le poète retourne aux profondeurs telluriques du chant, de son chant. Cette voix, comme la femme/silhouette qui regardait la mer et le ciel semble revenue de la légende du pays.
Le poète peut dire qu’il est « l’homme patrie » né à son humanité par sa patrie à travers laquelle le sang et le chant ont tissé une âme.
C’est cette humanité-là que recherche Yacine, une âme des mémoires multiples héritées, une âme qui refuse l’oubli et l’ingratitude. Il n’est homme qu’à la condition de retrouver et transfigurer ses racines d’homme.
Alors au fil des mots, sur la lice, transparaît l’idée du « sacré ». La terre, la mémoire, le legs, sont des choses sacrées. Les mots aussi. Le sacré n’atteint le divin que lorsqu’il a atteint l’homme dans son enfance, dans son premier lait. La lettre à son père est une lettre d’enfant qui tient aux promesses de la tendresse paternelle comme promesse humaine. Promesse pour tous les hommes.
Il la réclame des autres car il veut la donner aux autres. Il est né au rêve d’une fraternité générale dans cette promesse du père. Il l’assume en parlant à son fils. Yacine est un poète-trait-d’union, le refus absolu de l’égocentrisme, la revendication d’un être social jusqu’au plus profond de ses fibres.
Se lever comme poète et dire ses liens avec son peuple, la revendication de ses combats pour la libération trouve son accomplissement dans la revendication du combat des autres peuples.
Humain jusqu’au bout de ses forces, jusqu’au bout de ses faiblesses, de ses colères et de ses besoins de tendresse. Yacine nous réconcilie avec l’idée de l’humaine destinée de chaque homme engagé dans le destin des autres hommes.
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