Dans mon cœur il n’y a plus d’heure – Youcef Merahi
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« La poésie est le lieu des affinités ; c’est à partir de celle-ci que les poètes se regroupent en cénacles et c’est particulièrement vrai en Algérie où la solitude est si cruellement ressentie que la vie serait impossible sans l’amitié compensatoire. Pour les vivants certes mais aussi pour les morts impérissables. Derrière (mais vaut mieux dire au côté de) Youcef Merahi, il y a la toujours rayonnante présence de Hamid Nacer-Khodja, de même que derrière celui-ci, il y avait l’irremplaçable Sénac ou figure du poète assassiné, que les vils assassins n’ont pourtant pas réussi à tuer. Localisé autant qu’on peut l’être à partir de son lieu natal, Tizi-Ouzou, Youcef Merahi est aussi disséminé dans le vaste monde de ses souvenirs ou de ses désirs et de ses rêves, délocalisé vers des lieux où l’heure est chaque fois différente ; c’est pourquoi on peut dire qu’il n’y en a plus. L’immanence poétique n’a que faire des horloges, pour autant le poète n’échappe pas au temps, celui de l’âge qu’il ressent en grandissant au-dedans de lui. » (Denise Brahimi).
Résumé :
« La poésie est le lieu des affinités ; c’est à partir de celle-ci que les poètes se regroupent en cénacles et c’est particulièrement vrai en Algérie où la solitude est si cruellement ressentie que la vie serait impossible sans l’amitié compensatoire. Pour les vivants certes mais aussi pour les morts impérissables. Derrière (mais vaut mieux dire au côté de) Youcef Merahi, il y a la toujours rayonnante présence de Hamid Nacer-Khodja, de même que derrière celui-ci, il y avait l’irremplaçable Sénac ou figure du poète assassiné, que les vils assassins n’ont pourtant pas réussi à tuer. Localisé autant qu’on peut l’être à partir de son lieu natal, Tizi-Ouzou, Youcef Merahi est aussi disséminé dans le vaste monde de ses souvenirs ou de ses désirs et de ses rêves, délocalisé vers des lieux où l’heure est chaque fois différente ; c’est pourquoi on peut dire qu’il n’y en a plus. L’immanence poétique n’a que faire des horloges, pour autant le poète n’échappe pas au temps, celui de l’âge qu’il ressent en grandissant au-dedans de lui. » (Denise Brahimi).
Bio-express :
Né à Tizi-Ouzou (où il vit), Youcef Merahi est l’auteur d’une œuvre polygraphe, partagée entre poésies, romans et essais.
Extrait :
1.
J’ai ouvert la fenêtre ce matin, mes yeux ont vu une aube amère, comme lors d’une gueule de bois. Je n’ai pas insisté ; vite, j’ai refermé. Ce n’est plus un soleil rieur du rire maternel, c’est une face vide, figée par le feu sortant de ses narines. A défaut, je prends un roman de Yasmina Khadra, Le sel de tous les oublis, je me laisse porter par le déroulé des mots, sûr de me rafraichir comme d’une pastèque mûre à point. Je n’ai pas fini ma centaine de pages qu’en sursaut, je laisse tomber le Khadra. Je refuse de connaitre le sort de l’instit. Déjà, il a le ciel comme ennemi et l’enfer comme refuge.
J’ai peur de m’identifier. Je garde ma géhenne. Je suis ainsi rassuré, du moins, me semble-t-il.
Puis, je choisis un coin du lit. Je m’arrondis. Et tourne le dos à ce jour, malade de son aube.
2.
La montagne n’a pas courbé l’échine, malgré les cendres, la soif et la mort béante. Des hauteurs, l’écho reprit le cri de la révolte, de la douleur, de la résistance : « anerrez wala neknu. »
Entends-tu, mon amour, ce cri repris de crête en crête, de tazeqqa en tazeqqa ?
Témoignez pour que l’histoire bâtarde dise, enfin, la solitude et la profonde douleur de l’olivier.
A Ikhlidjen, j’ai vu pleurer un cerisier. J’ai vu la terre s’ouvrir et accueillir royalement ses braves enfants.
A Tamazirt, j’ai vu en rêve M’barek aller de village en village dire un printemps, noir du sang des innocents.
Ne pleure pas Luisa, ton amour est éternel, au-delà de la vie.
3.
Viens, rejoins-nous au bivouac des serments aussitôt énoncés, aussitôt trahis.
Quel est donc ce peuple qui ne chante plus son pays ?
Hier, les feux ont fait leurs provisions de larme, de colère et de vengeance. Aujourd’hui, l’Awal vise à élire le figuier séculaire comme gardien de la mémoire. Ici, je ne chante plus mes amours mortes avec l’unique olivier de ma mère. J’irai certainement dire aux gens de mon peuple que le chemin est encore long. Et de quelque côté que tu l’empruntes, il ne fera que monter vers la pureté de ton regard, mon amour au premier souffle.
Editeur |
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